J'adore ces histoires ,ça nous fait voyager un peu aussi , merci .
C'est tout à fait Madagascar,tout ça...
Jolie prose,et les souvenirs sont encore bien présents...
J'aime bien le Saka Manga,bonne table et jolie terrasse.
Tenez,je ne sais plus si je vous ai postée cette photo:
prise dans une gargotte de Mampikony (prononcer Mamp'koune),cela devrait vous donner une idée
des bornes qu'on se tape en taxi ou taxi-brousse. Certaines villes ont déjà été citées par Zoréol ou
moi-même...
Si Tananarrive à 482 kilomètres, t'as le temps de te rhabiller .
Capilotractage détecté
Il y a 1 heure, Rapido a dit :J'aime bien le Saka Manga,bonne table et jolie terrasse.
Oui, bien situé et bonne table.
Il y a une quinzaine d'années, nous avons eu punch, foie gras, langouste, cassoulet au confit de canard maison, crêpes glace vanille crème de marrons rhum arrangé maison (une tuerie), pinard Betsileo, café, petit rhum arrangé pour l'équivalent en aryary d'une douzaine d'euros par tête de pipe !
Pour les non-malgachisants (dont je fais partie : je comprends quelques expressions et peux employer quelques mots, mais pas tenir une conversation ) Saka Manga signifie "Chat Bleu" et voici l'enseigne du lieu :
En Corée j'aurais pensé que c'etait le menu .
Dans le Cap Corse il y a "L'auberge du Chat qui Pêche"
Et je vous le donne en mille... Elle est située à Canari
En Malaisie, elles te surveillent
Nous étions allés au Pérou il y a quelques pages pour un trek que nous avions fait avec Marianne en 2006. Là, nous sommes en 97, j'habite encore en Métropole, ma douce ne prendra ses vacances que plus tard, et je pars avec une joyeuse bande d'Héraultais avec qui je fais de la spéléologie, du VTT et qui m'ont un peu initié à l'escalade. Pas de tourisme (au sens Cuzco et le lac Titicaca où ne nous mettrons pas les pieds, je visiterai en 2006), seulement de la haute montagne dans la Cordillère Blanche.
Passées la sordide Lima où un chauffeur de taxi pique un roupillon dans sa splendide limousine, l'austère "route de la mort" aux accidents de cars fréquents, où le désert plonge dans le Pacifique, nous arrivons à Huaraz qui est un peu le Chamonix local.
Le lendemain, balade sur le marché et le surlendemain, départ pour un trek d'acclimatation d'une huitaine de jours.
Les séismes sont fréquents dans le coin et entraînent des avalanches et éboulements parfois meurtriers : ici, nous traversons une coulée qui est partie deux mois plus tôt de l'Artesonraju en arrière-plan :
Et les campements se succèdent : j'ai rarement vu une telle amplitude thermique ! A 16 heures, il fait 20°, deux heures plus tard les températures sont négatives. Alors, la seule activité possible est l'apéro-belote dans la tente-mess et le lendemain, nous redémarrons dans la gelée blanche.
Quelques photos de sommets dont l'impressionnant Chacraraju sur la première, de belles lagunes et quelques rares villages.
Les choses sérieuses commencent avec l'ascension du Pisco, un sommet pas difficile, mais à 5760 mètres tout de même, quasiment 1000 de plus que le Mont Blanc. Nous ferons cela en autonomie, les muletiers / cuistots qui nous accompagnaient pendant le trek nous attendront au camp de base. Un coup d'œil sur les Huandoy, le Huascaran et enfin celui qui nous attend, le Pisco donc et la seule femme de l'équipe apprend comment se sortir toute seule d'une crevasse en confectionnant des nœuds de Prussik sous les conseils de son mari et d'un copain de l'expé.
Le lendemain, une grosse demi-journée de bavante pour arriver au camp moraine (le seul en dehors du camp de base) avec pour commencer la traversée d'une énorme moraine patibulaire : éviter de se prendre un caillou sur la tête !
Puis nous établissons le camp moraine avant d'aller nous dégourdir les jambes un peu plus haut
A six heures du soir, -10° et tambouille. Mon pote Jean-Luc avec qui je partageais la tente d'altitude, prof au même bahut que moi, devait se tuer dix ans plus tard en grimpant en solo intégral et sans assurance la face nord du Pic St Loup qu'il connaissait comme sa poche.
Deux heures du mat', le départ. Après une bonne grimpette dans les pierriers à la frontale, on chausse les crampons.
Un moment après, le jour se lève sur le Huascaran, et on passe près de crevasses et sous des séracs un poil craignos, car ça peut te tomber sur la tête à tout moment.
Et nous voilà au sommet, juste au moment où le temps décide de se boucher complètement : enfin, nous sommes tous arrivés !
Après, ben, yapuka redescendre, en faisant gaffe tout de même puisque c'est à la descente qu'ont lieu 70% des accidents. Naturellement, le temps en profite pour se dégager graduellement.
Retour au camp moraine : un peu de fatigue sur les visages ! Pourtant, il faut encore démonter et se taper trois heures de bavante, dont la traversée de l'abominable et dangereuse moraine pour regagner le camp de base et jeter un coup d'œil sur le Pisco bien net maintenant : on vient de là-haut.
Incroyable
Là,je suis très très impressionné...
Moi,à part un peu d'escalade sur rocher vers Grenoble...
C'est clair , respect total !
Je comprend mieux maintenant ton surnom réunionnais : Le Rambo de La Saline
Ouais, ben c'est pas fini !
Depuis une dizaine de jours, nous avons pas mal crapahuté et dormi sous la tente par des nuits glaciales. Nous redescendons temporairement à la ville savourer le plaisir d'un bon lit dans un petit hôtel, photographier les somptueux transports urbains et visiter le petit musée : Rascar Capac est à Huaraz !
Nos arrieros (les muletiers) nous demandent si ça nous dirait de goûter au plat de fête, la Pachamanca : nous leur confions un petit pécule pour les achats et ils se mettent au boulot avant l'aube : je vous donne la recette si le cœur vous en dit.
Confectionner une sorte de four en pierres sèches et y faire un feu d'enfer pendant trois bonnes heures :
Lorsque les pierres sont bien brûlantes, écrouler le four et y disposer de la viande (poulet, mouton, lama) qui a été marinée depuis la veille dans une sauce épicée, le moropicon, ainsi que des papas (pommes de terre) de diverses variétés : n'oublions pas que la patate vient d'Amérique et il y en a des dizaines de sortes sur les marchés. Recouvrir le tout de sacs de jute, puis d'un paquet de pelletées de terre et enfin de bâches. Laisser cuire à l'étouffée pendant encore une paire d'heures et déguster avec une bière bien fraîche.
Mais nous ne sommes pas là pour la gastronomie ! Notre objectif suivant est le Huascaran (6768 mètres), quatrième sommet d'Amérique, le premier étant l'Aconcagua en Argentine. Seulement, en furetant à droite et à gauche, en particulier au bureau des guides (seulement pour les renseignements, nous faisons les ascensions tout seuls comme des grands avec un topo pour nous guider), nous apprenons que le Huascaran n'est pas en conditions : avalanches et chutes de séracs quotidiennes. Pire, on nous informe que la veille, deux Américains sont morts dans leur tente au camp 2, écrasés sous des dizaines de tonnes de séracs ! Nous nous rabattons sur le Chopicalqui, moins haut (6354 mètres) mais plus difficile : on fait avec ce qu'on a sous la main !
Et nous voilà partis pour quatre heures de car et trois heures de marche, direction le camp de base : somptueux d'ailleurs, avec en arrière-plan à gauche le Pisco que nous avons grimpé et à droite l'incroyable Chacraraju, réservé à des alpinistes nettement plus balèzes que nous ! Mais les soirées dans la tente-mess sont encore plus glaciales : heureusement, la réserve de pastaga importée directement du duty-free d'Amsterdam est inépuisable ! Vous noterez mon inséparable bonnet PTS...
Après, il faut encore grimper au camp moraine, six bonnes heures de marche. Ce sont les seules photos : je laisse là mon matos, trop lourd et encombrant sous la garde d'un arriero et le pocket de Jean-Luc ne résistera pas au froid...
En principe, on doit aller au sommet que vous voyez derrière moi. Autant le dire tout de suite, cela va tourner au fiasco. Au camp 2, Michel nous fait un début de MAM. Nous le mettons dans le caisson hyperbare, nous nous relayons pour pomper pendant trois heures et il en sort requinqué. Le lendemain, c'est Jean-Pierre qui se fout dans une crevasse, heureusement bien tenu en laisse par son second de cordée : il s'en extirpe tout seul à grands coups de crampons et de piolets en jurant comme un charretier. Ensuite, un gros sérac nous rate d'une cinquantaine de mètres. Et pour finir, dans une pente à 60° de 300 mètres, nous nous apercevons que nous sommes trop justes en pieux à neige (utilisés pour poser des rappels à la descente) et que le retour seulement sur les piolets sera une opération proche du suicide. Nous décidons donc que notre capital chance commence à s'épuiser et nous rebroussons chemin, vaincus mais vivants !
T'avais intérêt, sinon cékkinous aurait raconté tout ça !
Superbes histoires que les tiennes, merci ?
Quand il n'y en a plus, il y en a encore !
En haute montagne, on prévoit toujours des jours-tampons pour les inévitables intempéries qui nous cloueront au camp. Or, nous avons eu le bol d'un grand beau permanent (hormis le brouillard durant l'heure passée au sommet du Pisco). Nous avons encore un capital temps avant de reprendre l'avion. Nous décidons de rester une paire de jours au camp de base du Chopicalqui pour profiter de l'environnement. Jean-Luc remarque que nous sommes le 13 juillet et que ce serait amusant le lendemain de tirer le feu d'artifice le plus haut (nous sommes en effet au-delà de 4500 mètres). Sitôt dit, sitôt fait, le lendemain à six heures nous descendons les trois heures de sentier pour rejoindre la piste et prendre ce car à l'attaque : il nous mènera à Caraz en quatre heures.
Arrivés en ville, nous trouvons sans peine un artificiale qui nous confectionne des fusées sur mesure (notez les conditions de sécurité alors que l'endroit est bourré de poudre) puis nous allons nous sustenter d'un cuy (un cochon d'Inde grillé) avant de remonter à notre camp de base.
Si j'avais su ce qui allait m'arriver, je l'aurais avalé de travers ! Car je vais vivre la plus terrible expérience de ma longue vie de routard. Nous prenons donc le car en compagnie d'une quinzaine d'Indios qui remontent du marché, et c'est parti pour quatre heures. C'est l'époque des derniers soubresauts des fadas du Sentier Lumineux. A mi-chemin, dans un défilé d'énormes rochers, un gars arrête le car et monte à bord. Un vrai Ninja, tout vêtu de noir et cagoulé, sans aucun galon ou insigne distinctif, une kalash à la main et deux chargeurs en bandoulière ! Un coup d'œil sur les rochers qui dominent le défilé me montre qu'il y a une dizaine de types comme lui qui tiennent le car en joue. Pas un regard pour les Indiens, il vient vers nous trois et nous fait signe de descendre. Je suis le seul à parler espagnol et l'interrogatoire commence. Je ne la joue pas fier à bras !
"Somos alpinistas franceses y estamos aquí solo para la montaña : ahora, vamos al campo de base del Chopicalqui.
-Tienen pasaportes ?
- Si, en las bolsas dentro del autobus.
- Bien ! Vamos a ver !"
Un autre loustic s'est rapproché de lui et tient en joue mes deux potes qui n'en mènent pas plus large que moi. Il me met le canon de la Kalash dans les reins et nous remontons tous les deux vers l'arrière du car.
" Los pasaportes están dentro de las bolsas y necesito abrirlas. Pero no tenemos armas, entiende, no tenemos armas !
- Abre las bolsas !"
J'ouvre avec le moins de gestes possibles les trois sacs à dos et je lui montre les passeports. Cette fois, le canon de la Kalash est sur mon bide et il me fait signe de redescendre. En bas, son acolyte et lui épluchent les passeports, regardent de près nos trognes. Les autres sont toujours en batterie sur les gros rochers. Après un moment interminable, il me rend les papiers :
"Vaya ! Y cuidado con el peligro en el Chopicalqui!"
Désolé, j'ai jugé plus prudent de ne pas prendre de photos . Le car repart avec nous bien vivants, nous discutons et ne comprenons pas qui étaient les Ninjas : Sentier Lumineux ? Escadron de la Mort ? Militaires officiels ? En tout cas, si ça avait été ce dernier cas, nous pensons qu'ils auraient au moins eu des insignes ! Mystère ! Au bout d'une demi-heure, je me hasarde à questionner deux ou trois Indios, mais j'ai la même réponse que le Capitaine Haddock dans Le temple du soleil : "No sé!"
Encore sous l'émotion, nous nous coltinons les trois heures de marche pour le camp de base (nous commençons à connaître le chemin ! ) et à la nuit, nous tirons le feu d'artifice du 14 juillet le plus haut du monde !
Comme certains de nos arrièros sont aspirants-guides, le lendemain, nous leur offrons nos cordes toutes neuves -ils n'en reviennent pas !-, puis nous reprenons une fois de plus le sentier vers la piste et attendons le car en jetant un dernier coup d'œil sur les sublimes sommets.