Spirit of vécu
Zoréol
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Posté le 14/01/2019 à 09:48:37

En parlant du Lozère 74 et d'Ascona Gr.2. A l'époque, je ne courais pas encore, mais je suivais assidûment tous les rallyes du coin. Six mois avant, à l'Hérault, Claude Labrot pose dans un fossé son Ascona Gr.2. Le premier loustic à débouler pour sortir l'auto, c'est Mézigue. Et donc, à ce Lozère, je suis seul spectateur sur un talus à l'endroit où Claude prend une corde un peu fine et explose une roue. Surgi de nulle part, un quidam saute des hauteurs et a déjà ouvert le coffre et sorti la roue de secours avant que l'équipage soit descendu, toujours Mézigue ! La roue changée en un temps record, pendant que le père Labrot se rattache, il me lâche : "Toi, je vais t'engager en assistance rapide !" :lol:

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Zoréol
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Posté le 24/01/2019 à 15:09:21

Pour ranimer un peu la rubrique en attendant le Monte. Je connaissais Marianne depuis quelques mois et j'avais arrêté de courir depuis presque dix ans. Un matin au réveil, elle me demande : "Qu'est-ce que c'est, les SB 10 et les SB 11 ?"

Quand on sort des vapes, on trouve la question un chouïa incongrue ! :eek:

" D'où tu sors ça, toi, et pourquoi tu me poses cette question maintenant ?

- Parce que cette nuit, tu avais le sommeil un peu agité, et tu as clairement dit : "Non, je mets pas les SB 10, on va les flinguer, je mets les SB 11 !"

Et naturellement, je ne me souvenais pas de ce rêve qui devait se passer à une assistance un peu compliquée ! :D:

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Posté le 24/01/2019 à 15:21:30

Je présume que tu lui as répondu :

"Ça ira ! Ça ira ! Toute la vie."

:clindoeil:

 

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Reghiu
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Posté le 26/01/2019 à 18:55:12

1972 en Corse...

 

Un bruit d’échappement tout proche, viril pour moi mais façon casserole pour mes parents m’annonce l’arrivée de mon copain Bernard monté sur son Flandria « banane » équipé des tout premiers « pots détente ». Son entrée dans la cour de la maison, à l’heure de passer à table, façon rodéo sauvage n’est pas trop du goût de ma mère.

 

« Bonjour, Régis est là ? », et sans attendre la réponse se rue dans les escaliers.

« Magne-toi, il y a les Alpine chez Vincent »

 

Vite, vite, dévaler les escaliers et sauter sur le cyclo Motobécane « équipé » Grand-Prix avec sa selle longue, son guidon bracelet et son échappement outrageusement modifié pour mieux respirer et surtout répandre ses décibels agressifs dans les ruelles du village…à l’heure de la sieste…

 

« Chez Vincent »  notre quartier général à cette époque de l’année et d’ailleurs le reste du temps aussi. C’est en ces années un des rares bars-restaurants du village qui a la préférence des pilotes en reconnaissance.

Vincent le propriétaire débonnaire du lieu s’amuse de notre passion et « sponsorise » à l’occasion les équipages locaux qui alors collent précautionneusement sur leur pare-brise la bande pare soleil ou s’étale en gros «  INDE VINCENTU » (chez Vincent)

 

Ce jour là donc, les Alpine, les vraies Alpine étaient garées devant l’entrée du restaurant…

 

Et elles sont bien là,  toutes les quatre, garées en épi sur le parking du restaurant, magnifiques dans ce bleu, rehaussé de l’orange des jantes 073 Gotti, qui nous ont tous fait rêver un jour. Si proches et pourtant si lointaines des modèles de série par un plus, une aura que n’ont pas les autres : elles sont d’usine et ont le Mignotet 1800cc…le mot magique qui suffisait à affirmer la supériorité d’une voiture sur une autre.

Usine ou ex usine, ces deux paroles imposaient le respect à l’époque…

C’est déjà l’attroupement autour des berlinettes et chacun y va de son commentaire. Et tous, religieusement, nous regardons les « 4 mousquetaires » et leurs coéquipiers qui occupent une table dans la salle du fond…

 

Et c’était ainsi pratiquement tous les jours durant le mois qui précédait le Tour. Toutes nos journées de congé, scolarité oblige, étaient occupées à scruter les environs et à écouter les bruits que pouvait nous amener le vent. Il suffisait alors qu’un léger bruit rauque d’échappement nous parvienne pour que tous ensemble nous mettions toute notre énergie pour le localiser afin de pouvoir « intercepter » la voiture en reconnaissance. Les plus anciens comprendront ce que je veux dire, ce que c’est que d’entendre les « devils » et autres pots « abarth » résonner et rebondir de collines en vallées surtout la nuit qui devenait alors magique. Les voitures s’annonçaient à nous parfois une bonne demi-heure avant selon le parcours  et souvent les pinceaux des phares « flashaient » la cime des arbres bien avant le passage du concurrent.

 

Cette nuit du Rallye 1972 nous étions montés dans la spéciale de St Eustache. Nuit noire et un peu de brouillard accompagné d’une petite pluie fine et éparse comme c’était souvent le cas en ces années du Tour se courant en novembre.

Piot avec la fabuleuse Ligier était sorti de la route dans l’après midi et la spéciale de Stilliccione avait été neutralisée.  L’extraterrestre Stratos  et la Ford GT 70 dont c’était la première et dernière apparition n’étaient plus là, mais les Alpine et la Porsche de Larousse assuraient le spectacle…Nous nous étions tous enthousiasmés devant les 304 et de cette prouesse de Peugeot qui avait réussi à faire de cette paisible voiture de famille un monstre rugissant avec ses extensions d’ailes démesurées.

Mais il y avait encore et surtout  Fiorentino.

Je me rappellerais toujours de l’apparition du Simca CG dans la longue enfilade du col, de cette vision fugitive et un peu irréelle du spider déboulant sur nous dans une lumière aveuglante pour se fondre et disparaître trop vite absorbé par les virages de la descente. De ces casques entre aperçus à travers 2 flashs de reporters amateurs, des clameurs saluant son passage « homérique » tout à la lutte avec la berlinette de J-C Andruet.

Il paraissait si peu à sa place sur les routes de corse ce CG et pourtant, que de mal il donna aux berlinettes.

 

Quel bonheur ça avait été pour nous de pouvoir approcher le Simca lors des ultimes reconnaissances !

 

Que de commentaires élogieux  ou de ricanements sur ses chances de bien figurer ou de terminer la course !

  « Quel engin… » « Umbeh…pour conduire ça… » « Et s’il pleut ? »

 (Beaucoup avaient oublié que bien avant le Simca CG, Lancia aussi était venu en Corse avec un spider fulvia.)

Et pourtant, ce que fit cette année Fiorentino avec le CG  fait à présent partie de la Légende du Tour.

Il fut bien prêt de le remporter ce tour 1972 et il fallut tout la talent d’Andruet associé à la vélocité de la berlinette 1800 pour remporter cette édition mémorable par la qualité des voitures engagées et l’ampleur de la lutte...

Le second Simca CG mais en coupé et piloté par Saliba fit au début du rallye une prestation plus qu’honnête mais abandonna…

 

C’était mes 15 ans…
 

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ALBI
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Posté le 26/01/2019 à 19:19:29

Beau souvenir que voilà, merci Réghiu.

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Posté le 27/01/2019 à 07:10:24

Merci Régis pour cette tranche de vie :jap:

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Reghiu
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Posté le 27/01/2019 à 09:04:17
Il y a 1 heure, Armin a dit :

Merci Régis pour cette tranche de vie :jap:

A l’époque sans pépins...

Ce n’est rien moins qu’un copié/collé d’un article que j’avais fait du temps où je collaborais à l’élaboration d’un journal pour le compte d’un célèbre club de miniatures spécialisé dans le Tour de Corse...

Un collector à présent...:sol:

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Poms
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Siri
Posté le 01/02/2019 à 09:17:42

Très beau récit, Reghiu je me suis régalé !

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Bignonn
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Posté le 19/02/2019 à 19:57:57

On s'imagine souvent que les voitures de rallye sont des bijoux rutilants, à la finition parfaite.

Si cela est souvent vrai aujourd'hui, il n'en a pas toujours été ainsi. Dans les années 80-90, (avant je ne sais pas mais je me doute que ce n'était pas toujours fantastique), on voyait encore souvent des voitures dont la finition, la préparation, la sécurité n'était pas toujours parfaite, loin de là.

D'ailleurs, tous les pilotes ne passaient pas par des préparateurs, et la passion remplaçait souvent les compétences. Je n'échappais d'ailleurs pas à la règle, issu d'une famille où le sport auto avait autant d'interet que,  au choix: la sexualité de groupe pour Christine Boutin, l'interêt sportif dans une réunion de la FIA, l'originalité dans une chanson d'Aya Nakamura,  ou encore les oeuvres de Kant dans un épisode de la villa des coeurs brisés.

Bref, en 1994, nanti de 15000F d'économies et d'une promesse de CDI de mon employeur, je me lance à la recherche d'une voiture de course, et de surcroit une propulsion.

Bien sûr, ce sera une groupe F, les Gr N et A sont inaccessibles finacièrement. A moi les RS2000, Kadett, Manta, Ascona GTE, Simca Rallye 2 et autre Sunbeam TI.

Après plusieurs mois à parcourir les petites annonces d'Echappement et compte-tours, je déniche sur Roubaix une MA-GNI-FIQUE* sunbeam Ti, toute noire, 110cv, un pont autobloquant pour 11000f.

Armé d'un pote, de son plateau, de sa 305 break diesel et de 11000f, nous quittons les Vosges et après avoir constaté que les problèmes d'insécurité existaient déjà à Roubaix, finissons par débarquer en plein centre ville chez le vendeur.

Essai rapide sur un parking de supermarché et nous regagnons les Vosges, delesté de 10500F (l'embrayage était fatigué, et je suis aussi bon négociateur que mécano) et nanti d'une Ti à la finition "discutable". Je m'en fiche, j'ai ma voiture de rallye. Et bein sûr, à peine déchargée du plateau, vers 2h du matin, un essai s'imposait, histoire de réveiller les rares voisins, et de les preparer pour les années futures.

Après avoir remis à neuf la face avant, l'embrayage (le disque seulement, ce qui est une erreur, comme on le verra plus tard), repeint l'interieur qui était en blanc, constaté que l'autobloquant promis avait disparu,  la sunbeam est fin prête pour le sprint de La Bresse, qui va constituer mon premier rallye.

 

A suivre

*second degré inclus

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Bignonn
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Gardien des chaumes
Posté le 19/02/2019 à 21:22:13

Première licence, premier engagement, révision de la sunbeam (vidange, purge des freins et changement du liquide, constatation que les amortisseurs arriéres sont morts, aïe) et je me présente aux administratifs, accompagné de mon copilote aussi novice que moi et d'une sourde angoisse en constatant que j'ai oublié de faire le changement de CG. Heureusement, on m'explique gentiment que normalement il faut une autorisation de l'ancien propriétaire, mais pour cette fois ça va. Direction les techniques où étonnament tout se passe bien aussi, puis retour par la route au garage-atelier d'un pote qui se trouve à 2 km du parc et qui accueuille déjà les voitures de 4 autres concurrents. Comme je trouve la pédale de frein un peu molle, je repurge les freins et me fous du DOT5 dans l'oeil. Brûlure, j'ote ma lentille et vais me laver l'oeil, ça va me bruler toute la nuit. (De toutes façons j'aurais pas dormi :w:)

Heureusement, le lendemain, avec des lunettes de soleil ça ira. Nous entrons dans le parc fermé avec beaucoup de courage, nous dirigeons vers le premier pointage avec la confiance de la gazelle qui traverse la mare aux crocodiles, et nous dirigeons vers le départ.

3 mn avant le pointage, la nature me rappelle sa main-mise sur mon organisme, et je sors me soulager. J'envisage de m'enfuir dans la forêt, mais mon copilote attend .

Bref, casque, gants, départ, orgasm..... enfin bon c'est génial. Nos 100CV rugissent dans la montée de 5km, la boite 4 fait merveille, l'autobloquant disparu laisse le boulot au différentiel et nos SB20 de 5 ans nous permettent des appuis démentiels.

Finalement la journée passe comme dans un rève et nous terminos en laissant si mes souvenirs sont bons une bonne quinzaine de voitures derrière nous (ALBI, si tu as des archives :jap: )

Après quelques courses sans incident notables, je m'inscris au Haute-Saône, qui va se  dérouler en partie de nuit. Pas grave, je trouve 2 longues portées "Lafoirefouille approved", et me rends au parc par la route (ben oui, je n'ai ni voiture tractrice, ni plateau, et toutes mes maigres économies passent dans le rallye). Et puis il n'y a que 50km.

Sortie du parc fermé, direction la spéciale, les vitesses ont un peu de mal à passer. (Quand on change un disque d'embrayage, il vaut mieux prévoir le mécanisme et la butée, voir plus haut). Sur le routier, nous sommes bloqués par un troupeau de vaches au milieu de la route, et n'avons pas le temps de changer les pneus (pour venir, j'avais mis des TB 15 gonflés à 3kg).

Départ, 1ère, 2ème, Crac, 3ème, 4ème, la sunbeam ratatouille, et je me souviens qu'en bon bras cassé de la mécanique, j'ai passé la voiture au contrôle technique quelques jours avant, que le controleur m'avait embêté pour la pollution et que du coup j'avais baissé la richesse des carbus.

A mi spéciale, la 3 passe de plus en plus mal, puis ne passe plus du tout, ce qui est génant sur cette spéciale quand on n'a que 4 vitesses d'origine. A l'arrivée, nous décidons cependant de régler ce qui peut l'être, puis nous élançons, pleins d'optimisme* pour le second tour.

Las, une kyrielle de sorties nous retarde de près de 2 heures, et il fait nuit au départ. Nous observons nos concurrents se présenter au départ, allumer leurs superbes rampes qui déchirent la nuit, et s'eclipser en quelques instants, chevaliers hurlants, de fer et de feu, à l'assaut du chronométre.

Sur la ligne, j'attends le dernier moment pour allumer mes pauvres phares, qui se sont d'ailleurs déreglés: L'un éclaire le bas côté gauche, l'autre le haut de l'arbre à droite. Et j'ai l'impression qu'un des phares d'origine a rendu l'ame. Bon, 5.4.3.2.1 VRAAAAAMMMM, Crac, 2ème, VRAAAAAMMMM,  Crac, 4ème BEEEUUUUHHH. Malgré tout, on avance, on se fait (un peu) plaisir, car la spéciale (Ternuay, Melay.... pour les connaisseurs) est magnifique.

Mais ce bonheur ne pouvait pas durer, et, arrivé à mi spéciale, au moment de remettre la 4, pas moyen. Plus que 3km avec la boite bloquée en 2, étonnement personne ne nous rattrape, mais à l'arrivée on se concerte: Encore 80km de liaison, 15km de spéciale, une boite defaillante (et c'est rien de le dire) et il faut encore rentrer par la route. Bref, 1er (et dernier ) abandon de ma carrière, et retour à la maison à 50km/h dans une voiture à la boite bloquée en 2, l'impression de faire Vladivostok-Brest en char à boeuf.

La saison est finie, il va falloir faire une vraie révision à la voiture.

 

 

 

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Krystof
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Phénix
Posté le 19/02/2019 à 22:07:48

Ça c'est du rallye :top: et bien raconté. ..

Je connais bien cette spéciale empruntée aussi par la luronne .

 

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FloSimRace
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Posté le 21/02/2019 à 08:36:26

Super le souvenir :top: Je me régale à tous vous lire ! Je connais pas mal le coin de Servance, Ternuay et Melay pour y faire quelques balade le week-end, assister à quelques rallyes et participer à quelques rallyes de navigation et de régularité, ça devait être sympa sans 3ème vu les virages et le dénivelé :dent:

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Zoréol
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Posté le 26/03/2019 à 15:20:34

Un peu calme, ici, non ?

Je vous avais dit il y a longtemps que je vous parlerais de Thierry Messy, un chic type avec un esprit sportif aiguisé ! :jap:

Nous nous rencontrons pour la première fois au Quercy 85 : il dispute une bonne partie du championnat de France 2ème div', moi je ne vais faire que trois épreuves de ce championnat (mais beaucoup d'autres à côté). C'est la première fois que je cours ce rallye dont on m'a dit beaucoup de bien, et effectivement, c'est superbe ! :love: Il y a 291 km de spéciales (ça ne rigolait pas à l'époque ! :langue:) et après une énorme confrontation je le devance de 27", soit moins d'un dixième au kil'. Mais dans la bonne humeur entre les deux équipages : nous échangeons sans cesse nos temps sans cachotteries et nous fêterons cette belle bagarre ensemble à la remise des prix. :Sourire:

Un mois plus tard, le Lozère. J'ai raconté plus haut cette épreuve que redoutait mon copipote Jean-Luc. Je résume donc : sur la ligne d'arrivée de la deuxième et dernière ES de la première étape, mon alternateur explose et je me prépare à abandonner car je n'en ai pas de rechange. A tout hasard, je demande à Thierry s'il a la pièce, il plonge dans son fourgon et me tend un alternateur que je m'empresse de monter. Le lendemain, au terme d'un baston homérique de 245 km (et non 200 comme marqué sur la légende d'Echappement) je suis 16" devant.

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Pas le moindre signe de dépit de la part de Thierry et son coéquipier, nous rigolons bien fort à la remise des prix en nous racontant tous les moments chauds que nous avons vécus dans la journée.

Inutile de dire que lorsqu'à l'automne ils viennent courir pour la première fois le Critérium des Cévennes (qui finit son purgatoire en 2ème div' avant de regagner l'année suivante la cour des grands), ils sont mes invités dans ma villa de St Jean de Védas pendant les reconnaissances. J'en suis à mon neuvième Critérium et je connais un peu :D:. Je fais donc le premier tour de reco dans leur voiture en indiquant les plus gros pièges parmi les dizaines que recèle le parcours : le gauche bosselé Touren dans la Cadière où Philippe avait sauté, ce traître virage dans la remontée vers St André qui n'a l'air de rien, mais qui glisse comme du verglas même par temps doux, je ne sais pas pourquoi, et où chaque année des tas de pilotes se placardent dans le rocher...

Et surtout, je lui dis carrément de s'arrêter au plus gros d'entre eux, les Quatre Chemins dans Peyregrosse-Mandagout pour regarder posément la méchanceté de l'endroit . Tous les ans, une dizaine de voitures finissent dans le trou : il vaut mieux perdre une demi-seconde là que finir sa course prématurément ! Que croyez-vous qu'il arrivât au premier passage de course ? Mon Thierry s'y mit comme un seul homme mais put repartir grâce aux dizaines de spectateurs qui portèrent son auto sur la route. Comme pour ma part j'avais particulièrement brillé dès Ferrières en me mettant au tas (voir plus haut l'histoire de la rampe de phares de la Golf que j'avais descendue :w:), nous avions bonne mine tous les deux au retour à Ganges à regarder nos deux Samba l'une derrière l'autre pendant que mon préparateur Patrice -à qui j'avais demandé d'aider Thierry- rectifiait comme il le pouvait nos trains avant à la ficelle :lol: !

La suite ne fut pas glorieuse : Thierry abandonna sur je ne sais quel ennui mécanique, je fis la même chose, différentiel cassé au départ de Tourgueille (voir l'épisode où Jean-Luc s'affolait en pensant que j'étais tombé dans le ravin)

J'ai retrouvé une photo du p'tit père Messy lors de ces Cévennes 85 :

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Zoréol
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Posté le 26/03/2019 à 16:10:13

Puisque je viens de parler de Tourgueille, quelques anecdotes sur ce monument de 52 bornes où il se passait toujours quelque chose :love: !

En 84 je suis pour la seule fois engagé en National parce qu'une semaine plus tard je cours les Finales PTS à Clermont-Ferrand où la participation est obligatoire et j'ai privilégié cette épreuve au kilométrage plus court car je ne veux pas en mettre trop dans la tête à la vaillante Samba. Nous allons d'ailleurs remporter le scratch devant des Porsche et R5 Turbo :D:. Vers quatre heures du mat', du côté des Plantiers, à mi-parcours, je ramarre la Visa de Royer parti une minute devant moi : le gars n'a pourtant pas la réputation de se traîner ! Je suis cent mètres derrière lui et je me dis que je vais me le manger dans le kilomètre qui suit. Eh bien, il reste 25 bornes et je passerai la ligne d'arrivée toujours cent mètres derrière lui :ange: ! En discutant, il me dit qu'il n'a eu aucun problème mais qu'à l'heure où l'on serait mieux dans son lit qu'à faire le con au ras des ravins, il a pris un faux rythme et que mes phares dans le rétro l'ont réveillé en sursaut :lol: !

En 85, c'est l'épisode de l'abandon cinquante mètres après le départ et Jean-Luc qui me cherche dans le trou, très inquiet. :siffle2:

En 86, on va gagner la classe, en Inter bien entendu. Lors du deuxième passage de nuit, entre les cols de l'Espinas et du Pas, la phonie déconne soudain alors qu'on est au ras du ravin de quelques centaines de mètres : Jean-Luc m'entend très bien, mais moi je ne capte rien de ce qu'il me raconte. Pendant un kilomètre, je roule à vue, si je puis dire, parce que j'ai la tête quasiment sur ses genoux pendant qu'il essaie d'intervertir les fils de nos casques. Et soudain, miracle, il y arrive et ça refonctionne !

C'est pas fini ! Au petit matin, nous avons une paire de minutes d'avance et le dernier tour est une balade de santé. Oui mais voilà, c'est en roulant pépère qu'on fait des conneries. Au col de l'Espinas, sans attaquer, je prends bêtement la corde sur un petit chemin qui monte dans une châtaigneraie et la Samba monte sur deux roues, bien trop haut à mon goût. Alternative : continuer à braquer pour pouvoir tourner et partir en tonneaux dans le ravin. Si c'est le cas, on va en faire 36 (de tonneaux :ange:) avant d'arriver en bas, ou alors ouvrir au risque de tomber tout droit dans ledit ravin avec la même punition. J'opte pour une demi-mesure et ça passe plus que fin. Mais le Jean-Luc, pourtant peu impressionnable, qui se trouve bien au-dessus de moi pour cause de deux-roues ahurissant, même s'il est bien sanglé, se raccroche aux branches, c'est à dire qu'il s'agrippe à mon bras droit en train de lutter pour garder l'auto sur la route. Avant de me lâcher un dixième de seconde plus tard en s'écriant : "Quel con, ce Bonnet !" (c'est son nom de famille). :lol:

La Samba est loin d'être encore au sommet de ce deux-roues très chaud, mais c'est la dernière photo de Patrick Clermont, mort d'une crise cardiaque un dixième plus tard. Nan, j'déconne, en me voyant arriver ainsi sur lui, il a pris ses jambes à son cou !

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ALBI
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Posté le 27/03/2019 à 18:24:31

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Bonne lecture.

Alain

Le 19/02/2019 à 22:22, Bignonn a dit :

Première licence, premier engagement, ...

Finalement la journée passe comme dans un rêve et nous terminons en laissant si mes souvenirs sont bons une bonne quinzaine de voitures derrière nous (ALBI, si tu as des archives :jap: )

...La saison est finie, il va falloir faire une vraie révision à la voiture.

Je viens de voir ta prose, j'ai quelques reportages... Compte-Tours, Echappement et Rallyes-Magazine :

 

 

 

 

 

 

 

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Bignonn
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Gardien des chaumes
Posté le 27/03/2019 à 19:32:40

Génial! Merci beaucoup pour ce classement qui me rappelle d'excellents souvenirs. 

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KC67
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Posté le 28/03/2019 à 09:17:13
Il y a 14 heures, ALBI a dit :

Super souvenir et deux fois en photo. Je ne me souvenais plus qu'on était aussi nombreux en GT (24). C'était de sacré bagarres avec ces souflettes.

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Krystof
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Phénix
Posté le 28/03/2019 à 17:42:07

Relire le nom d'un bon copain disparu trop tôt ,Joly (de l'équipage Joly/Duchêne ) Étienne et Joël,  m'a fait un pincement au coeur .

Merci Alain pour tous ces documents :clindoeil:

J'en connaissais un paquet là dedans , ça ne nous rajeunit pas .

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Zoréol
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Posté le 03/04/2019 à 12:08:27

Dans son jeune âge -c'est à dire il y a une cinquantaine d'années-, Bernard A. pratiquait l'athlétisme et en particulier le demi-fond avec des dons certains : plusieurs fois champion d'Académie durant ses années-lycée.

Après, il a mal tourné, c'est à dire qu'il s'est mis à faire... du rallye :lol:. Si ses occupations professionnelles l'empêchaient de disputer des épreuves éloignées de la Ligue, il écumait cette dernière avec là aussi un talent indiscutable, remportant de nombreuses épreuves sur Kadett Gr.2, Sunbeam Lotus puis Lancia 037 et enfin Sierra Cosworth. Une grande faconde, des expressions qui n'appartenaient qu'à lui, et un caractère à ne pas se laisser marcher sur les pieds, d'autant plus qu'il est doté d'un gabarit assez impressionnant.

Lorsqu'il s'est rangé des voitures -il y a un quart de siècle, comme le temps passe :vieuxAnim: !-, il est revenu à ses premières amours, a repris l'entraînement et a disputé, toujours avec un certain succès des semi-marathons dans la catégorie vétérans.

Agent d'une marque française près de Montpellier, il se fait taguer nuitamment le panneau de son garage par de jeunes peigne-culs qui n'ont rien d'autre à faire. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il en fait réaliser un nouveau plus beau que l'ancien. Deux semaines plus tard, un tagueur sévit de nouveau, et en plein jour cette fois :non: ! Bernard est au fond du garage sous le pont à s'occuper d'une voiture lorsqu'il voit le jeune gougniafier à l'œuvre. Il sort au galop, part aux basques de l'autre qui n'a évidemment pas demandé son reste et le rattrape au bout de cinquante mètres. Que croyez-vous qu'il fasse ? Qu'il en colle une sans sommation au salopiot ? Non, plus rigolo.

Il se maintient sans difficulté au niveau de l'autre zigue qui court comme un dératé et s'adresse à lui comme s'il était un copain d'entraînement, d'un air sympathique et avec un beau sourire :

"Tu sais, tu peux continuer encore vingt kilomètres comme ça, je serai toujours à côté de toi. Alors, à ta place, je ne me fatiguerais pas !"

L'autre soudain démoralisé s'arrête hors d'haleine, prend la tarte bien méritée dans la gu....e et n'est jamais revenu taguer ! :langue:

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Posté le 04/04/2019 à 06:15:31

Bernard était (et je suppose qu'il est toujours, ça fait un bail que je ne l'ai pas vu) un vrai personnage à la Audiard et son langage fleuri n'était pas toujours très académique. Par exemple, au départ des spéciales, il se touchait les bijoux de famille en disant à son coéquipier : "C'est peut-être la dernière fois". Ou alors, lorsqu'il venait d'abandonner à cause d'un souci mécanique futile mais rédhibitoire : "C'est pas vrai ! Il vaut mieux aller se faire enc... à la Rampette que faire ce sport de c... !" (Pour les vieux Montpelliérains seulement, car la Rampette n'existe plus depuis des lustres, remplacée par le Corum : tout au bout de l'Esplanade qui accueillait jadis le parc fermé du Critérium des Cévennes, dominant la route de Nîmes, il y avait des pissotières où se retrouvaient le soir venu des homosexuels en goguette).

Avec l'âge, il est tombé amoureux du Sahara découvert lors d'un Paris-Dakar. Il s'est mis à le sillonner à une époque où c'était encore possible et en rapporté des trésors. Lorsque l'âge de la retraite a sonné, il a vendu son garage à ses anciens employés, s'est gardé un bout de terrain où il a construit un petit musée qu'il fait visiter avec passion. Ce qui me fait penser que lors d'un prochain séjour dans l'Hérault, il faudra que j'aille y faire un tour, car le désert m'intéresse aussi, et puis ça me donnera l'occasion de revoir Bernard.

http://museesaharien.un autre forum/qui-sommes-nous

Et ce n'est pas tout : son fils est aujourd'hui un ingénieur apparemment de haut vol qui vit aux Etats-Unis et bosse avec la Nasa: Qui l'aurait cru lorsque Bernard nous sortait ses vannes à ne pas toujours mettre dans toutes les oreilles :langue: :jap: ?

https://www.midilibre.un autre forum/2019/03/31/philippe-adell-un-montpellierain-dans-lespace,8101268.php

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