A part ça, pas grand chose à faire... La forêt de Jozani a été déclarée réserve protégée il y a une trentaine d'années. Heureusement, parce que sans cela, ses acajous auraient disparu depuis longtemps dans les scieries.
Et l'on n'a pas envie de se frotter à ses yuccas.
Elle recèle deux variétés de singes, les vervets :
Et surtout les curieux colobes roux à coiffure punk, endémiques de l'archipel et qu'on surveille de près.
On peut aussi à marée basse voir le travail des femmes qui cultivent des algues (retenues par des cordeaux à cause des mouvements de l'eau) pour en faire des produits cosmétiques.
Sinon, passage dans l'un des nombreux jardins d'épices : le clou de girofle est roi, mais voilà à quoi ressemble une noix de muscade lorsqu'elle vient d'être cueillie.
Visite de la "capitale", Stone Town, car elle est bâtie depuis longtemps en pierres de corail alors que les maisons des villages étaient en banco. Le poignant monument aux esclaves, "commerce" qui faisait la richesse des sultans du coin, les hommes et femmes étant razziés sur le continent avant d'être revendus un peu partout, en particulier dans la péninsule arabique.
Les missionnaires anglicans ont réussi à faire fermer ce marché dans la dernière partie du XIXème siècle seulement, mais ne nous y trompons pas, le commerce a continué dans des lieux plus discrets de l'île des années encore. Dans l'église bâtie sur l'emplacement du marché, l'emplacement du poteau auquel les malheureux étaient attachés et fouettés est symbolisé par ces marbres contrastants :
Détail amusant : les esclaves libérés ont aidé de bon (?????????) gré les missionnaires à construire l'église. Le prêtre-architecte ayant dû s'absenter quelques jours sur le continent, il a laissé des consignes pour la continuation du chantier. Lorsqu'il est revenu, ces colonnes avaient été montées à l'envers, socles en haut et chapiteaux en bas, mail il était trop tard pour rectifier.
Beaucoup moins amusant, le sous-sol de l'église : les cachots où s'entassaient jusqu'à 75 esclaves dans un seul comme celui-là. Beaucoup mouraient de malnutrition, de stress, d'épidémies...
Et dans le musée attenant, l'un parmi d'autres des sultans responsables de ce terrible trafic de chair humaine...
Puis le même bateau rapide pour rentrer sur Dar Es Salam. Le lendemain, comme notre avion pour le Rwanda n'est qu'en fin de matinée, nous avons le temps de prendre mon moyen de transport favori ...
Vers la criée aux poissons. Notez les raies pastenague à la queue coupée pour éviter un cuisant contact avec leur aiguillon venimeux.
A marée basse, le tirant d'eau est trop faible pour les lourdes barcasses, alors le débarquement est plus compliqué, mais haut en couleurs.
Naturellement, pour découper ces tonnes de poissons, il faut des lames bien affûtées i Cet ingénieux remoulaïre transforme une fois sur son lieu de travail son moyen de transport en machine-outil.
Et comme il faut nourrir ces centaines de personnes qui bossent depuis avant l'aube, ces matrones s'activent dans une cuisine en dur : plat unique, poisson !
Tandis que ces autres ont opté pour un restau de plage où l'on sert aussi du poisson !
à suivre...
Ah oui ! J'ai oublié ! Saviez-vous que Stone Town à Zanzibar est la ville natale de Freddie Mercury ? Moi je ne le savais pas, j'ai découvert cela là-bas...
Tant que j'y suis, je reviens à Zanzibar pour quelques vues de Stone Town que j'ai oubliées. Faut dire que ma douce et moi sommes rentrés un peu patraques, non, ce n'est pas Corona mais un gros rhume qui me met la tête comme une cougourde ! Des ruelles étroites, des palais dont beaucoup sont décatis tandis que d'autres, restaurés, servent d'hôtel.
Les fameuses portes sont copiées sur celles de l'Inde. Elles sont constellées de pointes qui servaient dans le pays d'origine à repousser les éléphants de combat. Il n'y a jamais eu d'éléphants de combat à Zanzibar mais la tradition a perduré !
Et le linteau de celle-ci est orné d'une chaîne indiquant que le propriétaire était un prospère marchand d'esclaves.
Plus tard, nous partirons dans un lieu tellement dissemblable...
Arrivés vers minuit de l'avion (un vieux Dash-8 qui a l'air de voler à peu près droit ) à Kigali, nous y passons une courte nuit et reprenons la route tôt le lendemain pour traverser la majeure partie du Rwanda -qui n'est pas grand, trois fois la Corse- et arriver dans l'après-midi en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre ou Congo Kinshasa, comme vous voulez). Contraste saisissant : si le réseau routier du Rwanda est impeccable sur les grands axes, les voitures nickel avec un contrôle technique aussi poussé que chez nous, le passage dans la ville-frontière de Bukavu révèle un délabrement avancé du Congo, en guerres civiles sporadiques depuis plus de quarante ans. Cité dans un état catastrophique, rues défoncées -ne parlons pas des routes dont nous emprunterons le lendemain une cinquantaine de kilomètres terribles, 4/4 obligatoire- parc automobile même pas digne d'une casse chez nous, avec des taxis dont il manque souvent le hayon, à la carrosserie en loques, aux roues voilées...
Après une nuit dans un très bel hôtel dont on se demande ce qu'il fait là, le jour se lève sur le paisible Lac Kivu et sur Bukavu. C'est le début d'une journée dont nous nous souviendrons toute notre vie !
35 km d'une route qui fut un jour goudronnée mais qui n'en garde aucun souvenir, puis 15 d'une piste de latérite avec des ornières d'un demi-mètre (un pick-up Toy', ça passe vraiment partout !) et nous récupérons sept rangers hyper-affûtés pour s'occuper de nos deux modestes personnes et surtout pour traquer la rencontre improbable. La première heure est une balade de santé sur des sentiers aisés, et ma douce est en pleine forme.
Mais ça va très vite se gâter, et nous allons marcher trois autre heures dans la jungle de Tarzan, avec deux gars qui se relaient au coupe-coupe pour nous frayer un chemin dans la végétation inextricable de la forêt équatoriale. Là, ça va encore, même s'il faut franchir des ruisseaux comme celui-là de façon précaire. Plus loin, ce sera pire entre les troncs couchés, les lianes, les plantes épineuses qui déchirent les vêtements, les bourbiers, les pentes abruptes, le sol instable, une paire de gamelles chacun : je n'ai plus le courage de photographier !
Nous nous sentons de plus en plus nazes et déshydratés, nous avons dû perdre un ou deux litres d'eau dans la moiteur suffocante, les rangers suivent des pistes qui se révèlent ne pas être les bonnes, les demi-tours sont nombreux, nous devons refaire à l'envers des hectomètres de sentiers péniblement défrichés et parcourus. Pas loin du découragement, car nous commençons à nous demander si nous n'avons pas crapahuté pour rien. Soudain, tout le monde s'arrête. Le chef des rangers nous distribue des masques, non pas contre le Coronavirus, mais parce que la moindre grippe que nous serions susceptibles de transmettre à nos hôtes des bois pourrait les tuer.
Ils nous montrent dans des arbres extrêmement touffus à cinq mètres de hauteur des boules de poils, un mâle, ses quatre femelles et quatre petits, disent-ils, eux qui ont l'œil car nous ne voyons pas grand chose avec notre regard d'Européens. Comment ont-ils fait pour les trouver ? De sacrées pointures ! Un peu déçus tout de même, tout ça pour ça !
" Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
- On ne bouge pas et on attend, ils vont descendre !
- Tu es sûr ? S'ils ont décidé de faire la sieste là-haut ?
- Je te dis qu'ils vont descendre, patience !"
Cinq minutes, dix minutes, le temps s'étire et nous en profitons pour souffler. Et tout à coup, un bruit de branches cassées, une pluie de feuilles sur nos têtes et de brindilles dans nos yeux levés dans l'espoir d'en voir plus.
Et c'est le moment magique, la fatigue s'envole. Accroché aux lianes, King Kong descend et vient s'assoir à trois mètres de nous !
Les femelles -dont l'une attend manifestement un heureux évènement- sont plus timides et ne s'approchent pas trop, comme la majorité des petits sauf l'un, particulièrement effronté qui fait carrément le pitre aux côtés de son père.
Mais c'est le grand mâle qui nous fascine tant il dégage une extraordinaire impression de puissance. Ces chefs de famille sont appelés dos argenté car à l'âge adulte leur fourrure prend cette coloration. De dos, la carrure est ahurissante : Shwarzie est un gringalet !
Nous restons une bonne heure en leur compagnie, j'ai repris goût à la photographie et je mitraille des dizaines de fois, puis nous repartons vers le 4/4. Le retour est moins long car nos gars ne tâtonnent pas pour retrouver leur chemin. S'ils étaient partis en courant, je pense que nous y serions encore ! Harassés mais ravis, nous pouvons faire la photo-souvenir. Petit détail : vous remarquez que six des sept loustics sont munis d'une AK 47. Ce n'est pas pour nous protéger des monstres débonnaires et pacifiques qui se laissent approcher sans manifester la moindre agressivité. C'est parce que des bandes de rebelles armés hantent parfois les lieux et qu'on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise rencontre... qui heureusement ne se produira pas. De retour pour la nuit dans notre bel hôtel et son restau gastronomique, nous quitterons sans déplaisir le lendemain matin ce pays un tantinet craignos pour un Rwanda nettement plus convivial !
Ah oui ! Sylvia qui dirige la partie restauration et la logistique de l'hôtel est une Belge née à Kigali qui a toujours vécu dans le coin, sœur d'une amie habitant désormais à la Réunion. Elle est coéquipière de rallye sur les épreuves du championnat d'Afrique de l'Est et ils ont déjà envoyé avec son pilote leur engagement pour le prochain Safari du Kenya WRC. Je les suivrai avec autant d'attention que les cadors !
En complément des photos d'hier, une très courte vidéo prise par Marianne sur son i-phone :
Lorsqu'on évoque le Rwanda, le premier mot qui vient à l'esprit est génocide. Tout le monde sait plus ou moins ce qui s'est passé mais quand on a été sur place, on mesure toute l'horreur des faits !
Ce tout petit pays comptait alors huit millions d'habitants. Après cent jours de carnages, on estime à près d'un million le nombre de morts, soit largement plus du dixième de la population ! Au mémorial, on a donné une sépulture décente à 250 000 restes humains sous ces grandes dalles et l'on découvre chaque année de nouveaux charniers dont les malheureux occupants viennent y prendre place. Et sur ce mur du souvenir sont réunis 8000 noms, ceux qui ont été identifiés, les autres resteront des inconnus...
Dans le musée attenant, que nous pensions visiter en une demi-heure, nous sommes restés deux heures. Entre les longues explications et les photos insoutenables que je n'ai pas voulu mettre dans mon appareil, j'ai sélectionné celle-là qui apporte un début d'explication :
Le pouvoir colonial belge a instauré une carte d'identité portant mention de l'appartenance à une ethnie en 1932 et cela a perduré, mais heureusement été aboli depuis les évènements. Ça n'a pas provoqué l'horreur, mais ça a facilité le travail des bourreaux ! Petit rappel des faits -très compliqués- dans lesquels la communauté internationale porte une énorme responsabilité ! Les services de renseignements de toutes les nations occidentales alertaient depuis six mois leurs gouvernements et l'ONU sur le fait qu'un massacre de grande ampleur se préparait, la communauté Tutsi étant jugée plus favorisée par les Hutus et ceux-ci les haïssant. Personne n'a bougé le petit doigt. Le 6 avril 1994, l'avion du président est abattu en approche de l'aéroport de Kigali (on ne sait toujours pas par qui, ou on ne veut pas le savoir). Deux heures plus tard, les tueries débutent, d'abord dans la capitale puis s'étendent à tout le pays, délai si court que cela montre bien que tout est planifié et qu'on n'a attendu que le prétexte -sans aucun doute provoqué spécialement pour-. Des familles entières, du vieillard au bébé, sont exterminées à la machette, les grenades ou les balles : on ne laisse aucun survivant derrière soi. Les gens sont fanatisés -entre autres- par une radio, la radio des Mille Collines qui émet non-stop et indique en temps réel où des Tutsis sont susceptibles de se cacher : on a distribué depuis un mois, même dans les villages les plus reculés, des transistors et des piles avec l'ordre d'écouter non-stop. Le chef d'antenne, reconnu criminel de guerre, purge aujourd'hui une peine de prison à vie au Mali. Les rares Hutus qui essaient de cacher leurs voisins Tutsis sont inexorablement massacrés pour trahison.
La France n'est pas jolie-jolie sur le coup. D'abord, la milice qui encadre ce génocide a été entraînée et armée par nous. Ensuite, dès le 8 avril, des régiments français organisent en urgence l'exfiltration de nos ressortissants expats là-bas. J'ai vu au mémorial des photos de Français implorant les militaires de sauver un collègue de travail, un voisin, un ami, un domestique. Les soldats, aux ordres bien sûr, sont inflexibles : ils embarquent les blancs et laissent les Rwandais qui seront massacrés dans les minutes qui suivent à la machette. Enfin, lorsque sous la pression des autres états africains, les équilibres changent de camp trois mois plus tard, Mitterrand ordonne l'opération Turquoise qui aura surtout pour effet de protéger la fuite des tueurs vers la RDC voisine, d'où ils mèneront des opérations de guérilla à la frontière. Il y avait bien entendu des intérêts occultes, mais lesquels, le Rwanda ne possédant pas de ressources minières par exemple ?
Les Belges -ex puissance coloniale du pays-, se sont quant à eux pris les pieds dans le tapis, avec ce terrible épisode. Dès le 7 avril, quinze casques bleus sont chargés de protéger la femme Premier Ministre du pays, Agathe Uwilingiyimana,Tutsie et opposante au régime. Lorsqu'ils arrivent près de sa résidence, ils sont interceptés par des militaires qui leur demandent de remettre leurs armes. En liaison radio avec leur QG, ils demandent que faire, on leur répond qu'ils sont des soldats de la paix et qu'ils doivent obtempérer. Ils sont emmenés dans un camp militaire voisin (la dame Premier Ministre et son mari seront exécutés juste après). Là, on libère les cinq casques bleus ghanéens et les dix Belges de l'escouade font face à une horde d'une centaine de soldats rwandais manipulés (on leur dit que ce sont eux qui ont dégommé l'avion présidentiel). Ils se réfugient dans un bâtiment, et ayant réussi à dissimuler deux pistolets, ils vont tenir un siège digne de Fort Alamo en alertant sans arrêt leur Etat-Major pour qu'on vienne vite les exfiltrer. Bien que de nombreux autres casques bleus belges soient à dix minutes de là, le commandement ne bronche pas. Ils seront tous massacrés dans cette bâtisse qui n'a pas été touchée depuis. Aujourd'hui, un monument lui fait face, avec dix stèles importées de leur pays natal, comportant des entailles symbolisant leur âge (25 ans en moyenne) et l'ambassadeur de Belgique vient déposer une gerbe chaque 7 avril, ce qui leur fait une belle jambe !
Dès le lendemain, la Belgique annonçait le départ de ses troupes, ce qui était bien entendu le but recherché.
Je vous garantis que lorsque vous avez appris et digéré ces faits dans la journée et que vous regagnez le soir votre lit douillet, vous avez du mal à vous endormir en pensant que ces horreurs se sont déroulées il y a un quart de siècle à proximité immédiate de l'endroit où vous dormez, peut-être même dans la chambre de la coquette villa transformée en B&B qui devait déjà exister !
Bon, le Rwanda de 2020 a plus ou moins pansé ses blessures et nous allons voir par la suite que c'est un pays charmant !
Merci pour ce cours d'histoire , et il y a eu malheureusement beaucoup d'autres théâtres de ces horreurs dans beaucoup d'autres pays , et beaucoup sous l'ère Mitterrand ...
Le 26/02/2020 à 14:28, Zoréol a dit :Ah oui ! Sylvia qui dirige la partie restauration et la logistique de l'hôtel est une Belge née à Kigali qui a toujours vécu dans le coin, sœur d'une amie habitant désormais à la Réunion. Elle est coéquipière de rallye sur les épreuves du championnat d'Afrique de l'Est et ils ont déjà envoyé avec son pilote leur engagement pour le prochain Safari du Kenya WRC. Je les suivrai avec autant d'attention que les cadors !
Un petit retour d'expérience de leur part ne serait pas de refus
La tragédie du génocide évacuée, mais il était important d'en parler, le Rwanda est un pays sûr et propre, un peu la Suisse de cette partie d'Afrique. Il n'est pas bien grand, trois fois la Corse, et il n'y a pas grand chose à y faire : pas de chutes d'eau, de monuments remarquables ou de montagnes spectaculaires, un paysage vallonné (il est surnommé le pays des dix mille collines) et bien que nous soyons quasiment à l'équateur (2° de latitude sud) la température est agréable grâce à son altitude moyenne de 1500 mètres. Alors, pourquoi y aller me direz-vous ?
D'abord parce qu'il permet d'aller voir les gorilles de montagne (ceux de Diane Fossey, d'une espèce très légèrement différente de la nôtre) dans le massif des Virunga au nord. Nous n'avons pas choisi cette option pour deux raisons : leur implantation autour des 3000 mètres d'altitude rend leur approche plus difficile et plus longue, compter plusieurs jours, et le Quai d'Orsay déconseille en ce moment cette destination à cause de rebelles congolais très agressifs qui franchissent régulièrement la frontière. Alors, si on veut voir leurs proches parents du côté de Bukavu comme nous l'avons fait, le Rwanda est la seule porte d'accès aisée à cette partie du Congo -qui, comme on l'a vu, n'est pas non plus la sécurité sociale- . Enfin, il y a tout de même une grande réserve que nous visiterons à la fin du reportage.
Pas d'exploitation minière ou autres richesses, le pays est essentiellement agricole. Sur les collines, un peu de blé, des bananeraies et surtout d'immenses plantations de thé qui constituent la plus grande partie des ressources à l'exportation, dans les vallées des rizières qui rendent le pays auto-suffisant sur le plan alimentaire car l'eau ne manque pas.
Gouvernement démocratique du type "main de fer dans un gant de velours", avec une forte présence policière, bon enfant mais vigilante. Sur les 300 km pour aller à Bukavu, j'ai compté, chose ahurissante pour un pays africain, quatre cabines de radars fixes et dans les traversées de villages, quatre flics avec des radars-jumelles. Il est interdit d'importer et d'utiliser des sacs en plastique, ce qui fait qu'ils sont bien en avance sur nous du côté de ce fléau et le salopiot qui jette une canette ou un papier gras par la fenêtre reçoit une forte amende. Résultat, le pays est bien plus propre que la Réunion, ne parlons pas des autres états africains que je connais ou de l'Inde !
Si le type qui commet ce genre d'infraction ou de délit n'est pas solvable, c'est simple, on le met tout de suite au gniouf pour une semaine ou deux. Mais pas à faire de la gym dans la superbe salle de sport de la prison ou à regarder les 200 chaînes de la télé, hein ! Les gars condamnés à ce genre de peine légère sont revêtus d'un beau T-shirt orangé et vont travailler dans les rizières sous la garde de quelques matons armés, ou bien, nous l'avons vu ailleurs, à construire l'extension de leur prison... A méditer pour les loulous qui encombrent nos prisons !
Et donc, c'est certain, on peut s'y balader sans le moindre souci. A Kigali, nous étions dans un B & B qui n'assurait pas la restauration du soir. Le taulier m'a indiqué un restau branché et très sympa avec une belle vue sur la ville illuminée, à un kilomètres de là. Je lui ai demandé si nous pouvions y aller à pied, de nuit, sans souci. Pas le moindre problème, m'a-t-il assuré ! Et de fait, nous y sommes allés deux fois sans la moindre inquiétude. Lorsque j'ai raconté cela à mon copain Philippe qui est venu nous chercher à l'aéroport et qui a vécu de nombreuses années au Cameroun, il m'a répondu : "Ben mon vieux, à Yaoundé, vous n'auriez pas fait deux-cents mètres avant d'être détroussés !"
Bon, si les enfants sont bien nourris, convenablement vêtus et tous scolarisés, si le système de santé est correct, ce n'est pas non plus l'opulence et ça apparaît dans les moyens de transport basiques, même s'il y a beaucoup de voitures en parfait état. Beaucoup de livraisons se font à bicyclette sur des kilomètres, et l'on voit des vélos chargés d'un peu tout poussés par leurs propriétaires dans les côtes puis qui dévalent les descentes à la vitesse du peloton du Tour de France.
Dans la capitale, le moyen de transport le moins onéreux est la moto-taxi :
Pas tout à fait, car les moins friqués peuvent prendre un vélo-taxi, et quand on connaît les raidillons de Kigali !
Et les Rwandais sont très fiers de leurs machines nationales (en fait, les parties cycle et mécanique arrivent de Chine et les triporteurs sont assemblés sur place)...
Il y a 20 heures, Krystof a dit :Un petit retour d'expérience de leur part ne serait pas de refus
Lorsque l'épreuve se déroulera, nous serons en Europe. A notre retour, si elle veut bien m'envoyer un petit récit (car elle est débordée par le boulot de l'aube à tard le soir) je le publierai bien volontiers sur SoR.
Une journée à Kigali...
Le matin, nous avons visité le mémorial, à midi nous avons invité Kassim, notre chauffeur, à prendre un pot sur le roof de ce grand hôtel tout neuf, au quatorzième étage, pour avoir une vue aérienne de la ville. Pendant que nous avalons nos bières, bon Musulman (religion tout à fait minoritaire dans le pays), il prend un mélange de Coca et de soda orange. Il m'a fait goûter, c'est... comment dire... spécial. Kassim a 29 ans, il en avait donc trois lors du génocide. Son père, sa mère, ses trois frères et sœur ont été massacrés. Trop petit, il ne sait plus dans quelles circonstances il a échappé à la tuerie. Il a été recueilli et élevé par un oncle, lui aussi rescapé par hasard, qui avait perdu femme et enfants dans l'horreur !
Ensuite, ils nous emmène dans un restaurant typique avec un beau jardin. Au buffet, riz, manioc, bananes plantain, sauce arachide, haricots rouges, sauce piment bien sûr et un peu de viande de bœuf en sauce. Pas mauvais mais un peu bourre la touffe, on n'est pas chez Bocuse, avec ou sans quatrième étoile !
Vous n'avez rien remarqué ? Ah ! Ces Européens, il faut tout leur dire ! Nous sommes en plein centre ville mais sur le mur de clôture, il y a lui, qui profitera un peu plus tard de l'inattention des serveurs pour débarrasser une table de la banane du dessert.
Ensuite, j'adore photographier les marchés :
Ça, je ne sais pas si vous l'avez deviné (moi non !), ce sont des aubergines d'une drôle de couleur :
Ces deux zigues en grande forme qui dansaient devant leur étal ont tenu à ce que je les immortalise : je leur ai fait plaisir et leur ai montré l'écran, ça les a bien amusés de savoir que le toubab allait rapporter leur image chez lui. Ils ne savent pas qu'ils seront sur SoR !
Marianne qui a vécu sa jeunesse en Afrique noire, mais de l'Ouest (Mali, Burkina, Sénégal) adore palabrer avec les vendeuses et ça n'a pas raté du côté des artisans. Bien sûr, nous lui avons acheté deux pièces de tissu qui serviront de nappe pour les pique-niques.
Demain, nous finirons le voyage par la réserve d'Akagera avec Kassim au volant du Land Cruiser.
Avec 6.000 fr, elle fournit quoi la dame comme prestations ?
Deux pièces de tissu, faut suivre !
Beau résumé de se périple j'adore!!!!
Merci au moins nous voyageons un petit peu et de plus nous apprenons des choses "COOL"
Il y a 1 heure, Zoréol a dit :Deux pièces de tissu, faut suivre !
5€80 les 2 pièces de tissu
C'était un attrape touristes
Dernier volet. Nous partons avec Kassim à la réserve dAkagera, 150 bornes à l'est de Kigali, à la frontière de la Tanzanie. Elle existe depuis 70 ans mais elle aussi -et surtout ses hôtes- a été victime du génocide. Dans le bordel qui a succédé aux évènements, le souci premier n'a pas été de protéger les animaux. Du coup, ils ont été abondamment chassés, pour la viande d'une part, et d'autre part en ce qui concerne les espèces les plus nobles, afin de se faire du fric en vendant les trophées à des collectionneurs peu scrupuleux ! De retour à une protection normale dans les années 2000, il restait suffisamment de zèbres, d'antilopes, de girafes ou de buffles pour qu'ils se reproduisent et qu'on revienne à des populations d'une densité normale. Personne n'avait touché aux hippos qui ont la plus sale réputation d'animaux dangereux dans toute l'Afrique. Mais pour les autres, il a fallu que des pays voisins aident. Ils ont fourni une dizaine d'éléphants, une dizaine de lions et lionnes et six rhinocéros. Signe encourageant, ils se sont tous adaptés et se sont reproduits. Mais ils sont encore si peu nombreux dans l'immensité de la réserve qu'il est difficile d'en trouver -hormis les éléphants, mais ce n'était pas notre jour de chance, nous n'en avons pas vu un seul-. Donc, quand on a visité comme nous la Tanzanie, l'Af'Sud, la Namibie, le Botswana, on reste un peu sur sa faim, mais c'est bien sympa tout de même !
Dès l'entrée sur les pistes du parc, Kassim s'arrête à côté de ces splendides papillons qui butinent -ô comme c'est poétique !- une crotte de lion : ce sera la seule trace du grand félin que nous apercevrons...
Lui a franchement le délit de sale gueule, mais il joue le rôle indispensable de croque-mort de la savane :
Après, les impalas, zèbres, phacochères, babouins, buffles, je ne vous fais pas une fiche technique de chacun...
Soudain, Kassim s'arrête net et sort ses jumelles : il a vu cela, loin devant sur la piste. Avec l'objectif 300 mm et à travers le pare-brise, la photo n'est pas terrible, mais je la mets tout de même : c'est un redoutable mamba noir, l'un des serpents les plus venimeux au monde qui disparaîtra vite fait dans la savane lorsqu'il se rendra compte de notre présence..
Nous passons la nuit dans le superbe lodge de la réserve. Peu avant l'aube, nous sommes réveillés par un orage terrible et nous reprendrons la piste sous une violente pluie équatoriale qui s'arrêtera au bout de deux heures.
Un waterbok, un bel aigle pêcheur et un topi.
Le reste, vous connaissez...
Voilà, c'est fini, mais il y a une cirrhose sur le gâteux. Nous quittons Kigali pour Dar Es Salam le lendemain sur le même vieux Dash-8 de Rwandair, et après une nuit, nous rentrons dans nos pénates. L'A 319 d'Air Mauritius emprunte une route triangulaire Maurice - Dar Es Salam - Nairobi - Maurice. Nous n'avons rien à faire au Kenya où nous resterons en salle de transit. Mais peu avant Nairobi, nous passons tout près du Kilimandjaro. Coïncidence: Marianne et moi étions là-haut au sommet il y a 24 ans jour pour jour, le 29 février 1994.
Comme c'est trop tard pour éditer, rectification de la dernière phrase, c'était le 29 février 96, mais vous vous en battez l'œil !
Ce serait bien qu'on dispose de 24 heures pour se corriger à la relecture !
Il y a 7 heures, Zoréol a dit :Comme c'est trop tard pour éditer, rectification de la dernière phrase, c'était le 29 février 96, mais vous vous en battez l'œil !
Ce serait bien qu'on dispose de 24 heures pour se corriger à la relecture !
Po po po, tu avais oublié la date...
et t'es encore vivant...
Superbe reportage qui m'a fait replonger bien loin en arrière, à Yaoundé et à Douala où gamin et accompagné de notre boy, je mâchonnais sereinement de la canne à sucre sur les marchés locaux en toute sécurité...
Et plus tard, je ramassais mes 1eres pointes de flèches néolithiques du coté de N'Djamena qui s'appelait encore à cette époque Fort Lamy...Mon père était militaire, ma mère instit et nous arrivions du Maroc...
Souvenirs, souvenirs...